L’actualité hôtelière en Martinique n’est pas des plus effervescentes, loin des vagues d’ouvertures et des grandes annonces qui rythment d’autres destinations caribéennes. Ici, les transformations sont plus discrètes, mais elles n’en sont pas moins significatives. De nouveaux projets émergent, insufflant un vent de renouveau à un secteur en mutation.
Quelles caractéristiques émergent ? Tour d’horizon des évolutions qui redessinent, en douceur, le paysage hôtelier de l’île.
Des investisseurs indépendants, peu de marques internationales
L’hôtellerie martiniquaise repose sur deux constantes majeures : d’une part, les formules all inclusive y sont rares, et d’autre part, les établissements appartiennent souvent à des investisseurs indépendants, extérieurs au secteur hôtelier. (Certains diront que cela explique les défis que rencontre la filière, mais ne nous attardons pas sur ce débat.) Contrairement à d’autres îles voisines, la Martinique ne compte aucune chaîne hôtelière internationale. Ici, pas de Marriott, Accor ou IHG. L’offre hôtelière est portée par des entrepreneurs – locaux ou pas – d’horizons variés.
Petit tour d’horizon des projets récents :
- BnB*** (2022, L’Étang Z’Abricot) développé par le groupe Permal ;
- Hôtel Iloma (2022, Sainte-Luce) – l’ex-Corail Résidence a été reprise par Mickael Beaumont, un entrepreneur du secteur de la construction ;
- Sable Bleu**** (2024, Le Marin) – porté par le groupe Belliard (espaces verts, promotion immobilière, nettoyage industriel) ;
- L’ex-Marouba (Carbet) – le projet de Nexalia (immobilier en Savoie et Haute-Savoie), qui a remporté l’Appel à Manifestation d’Intérêt, vise à transformer l’ancien établissement 3 étoiles en un 4 étoiles sous enseigne Best Western Hotels & Resorts. Un spa et une thalassothérapie, alimentés par la mer des Caraïbes, seraient prévus ;
- L’ex-Kalenda (Trois-Îlets) – devrait renaître grâce à trois investisseurs : Patrick Fabre (distribution), Jean-Max Elizé (cinémas) et Patrick Vial-Collet (hôtellerie). D’ailleurs, parmi les autres repreneurs en lice figuraient d’autres entrepreneurs locaux : Simon Jean-Joseph (marinas, immobilier) ou Bertrand Clerc (agroalimentaire).
Des établissements plus intimistes et haut de gamme
Jusqu’au milieu du XXe siècle, l’hôtellerie martiniquaise était marquée par de grands complexes comptant plusieurs centaines de chambres, souvent installés dans des « barres » imposantes. À titre d’exemple, l’ex-Méridien de la Pointe du Bout comptait 295 chambres, tandis que le Hilton en proposait 154 dès 1970.
Cette ère semble aujourd’hui révolue. La “grande” hôtellerie a reculé au profit des boutiques-hôtels ou d’établissements de charme. L’un des rares vestiges de cette époque demeure l’hôtel Bakoua aux Trois-Îlets.
Quelques exemples de cette nouvelle génération d’hôtels :
- Courbaril Hôtel (Anse à l’Âne) – 4 étoiles, 31 chambres.
- Hôtel Iloma (Sainte-Luce) – 4 étoiles, 38 hébergements
- B&B Hôtel (Étang Z’Abricot) – 3 étoiles, 71 chambres.
- Sable Bleu (Le Marin) – 4 étoiles, 16 chambres.
- Villa Saint-Pierre – 8 chambres
- Futur hôtel de luxe Gigafit (Marin, 2026) – 20 à 30 chambres.
- L’ex-Kalenda (Trois-Îlets, à venir) – 85 chambres
Une hybridation entre hôtellerie et location saisonnière
Longtemps perçue comme une concurrente, la location saisonnière influence désormais l’hôtellerie martiniquaise, et vice versa. Les frontières s’estompent, créant un modèle hybride où les hôtels adoptent des codes du locatif.
Quelques illustrations :
- L’hôtel Bambou propose désormais trois villas premium : L’Escapade Tropicale, Le Vent des Îles et La Baie Turquoise.
- La Suite Villa*** combine des suites (1-2 personnes) et des villas luxe ou grand luxe (4-6 personnes).
- Le Courbaril Village associe une résidence hôtelière (10 appartements F2 et F3) à l’hôtel du même nom.
- À Fort-de-France, B&B Hôtel et B&B Home appartiennent au même groupe.
Ce dernier constat est d’ailleurs partagé en Guadeloupe, la Toubana Hôtel & Spa a intégré des villas dès 2018.
Loin des mastodontes internationaux, l’hôtellerie martiniquaise évolue vers des établissements plus intimistes, haut de gamme, flexibles, ancrés dans une logique d’expériences authentiques, inspirés des nouvelles tendances du voyage. Une transformation qui, bien que discrète, redéfinit le paysage touristique de l’île. Plusieurs questions demeurent : les anciens modèles vont-ils pouvoir être pérennisés ? Si oui, à quel prix ?